Les Copines du Goût : Trois
humeurs, Trois palais, un coup de fourchette !
C'était
un jour de fin d'été. La rentrée avait déjà bien commencé.
C'était le jour où les petits producteurs, maraichers, fromagers,
éleveurs, pêcheurs, brasseurs et vignerons se retrouvent à la
Bellevilloise pour de la Cagette à l'assiette, le salon des circuits
courts.
J'ai envoyé un sms à un ami ou un amant potentiel, pour lui
proposer de m'accompagner. Un message resté sourd. Qu'a ce ne
tienne, j'irai seule ! J'ai enfilé une paire de sandales à talons,
un vieux blue jean déglingué, une veste en velour frappé. Je me
suis enfournée dans le métro. J'ai remonté la rue de Belleville.
Je me suis acquitée de mon droit de bouchon en achetant un verre
moulé copie d'un verre souflé à la bouche d'un autre temps. Et
puis je suis rentrée au niveau de rez-de-chaussée.
Ils
étaient tous là. L'ambiance sentait le marché dans une lumière
légèrement chaude et tamisée. On était en fin de journée et
l'humeur était à la fête : il y avait du monde partout, dedans et
dehors sur la terrasse. Je voulais me fondre dans la foule et avoir
ma part de joie. Au milieu des étals de légumes, fruits, viandes,
poissons, fromages, biscuits, miels circulait une foule en liesse qui
se retrouvait autour de bons et beaux produits, sûrs des bienfaits
d'une alimentation saine et locale comme autant de promesses d' une
santé de fer.
Le
cliché du petit maraïcher en tablier ayant fait la part belle à de
jeunes rocks, tatoués et militants de la bonne chair, on se savait
plus bien qui vendait et qui achetait. Pour tous, samedi soir
pointait et l'on avait envie de se libérer.
J'ai
cherché en premier à remplir mon verre. Allais-je commencer par une
bière La Parisienne, un verre de cidre Appie ou du vin ? J'ai
commencé mon tour de piste en sirotant mon verre de chez Wine
Republik et glanant ça et là tranches de saucisson signé Aitana,
amandes grillées au Profil grec, canapés tartinés de pestos des
Miscellannées de M.Jash et autres délices. Regarder, goûter,
écouter, tout inscrire dans mon cahier : qui produit, qui distribue,
qui cultive, où et comment ? Qui vend sur internet; sur les marchés
ou en boutique ? Qui transforme et commercialise ? Terroirs d'Avenir,
l'Epicerie Végétale, Alternoo, La Ruche qui dit Oui, Foodette, la
box des Petites Cocottes, les Nicettes et tout les autres avaient de
quoi faire tourner la tête et séduire le palais.
On
avait particulièrement soigné la déco du stand Slow Food. Je me
suis approchée d'un camaieu de verts et de violets où nichaient
choux romanesco, brocolis pourpres, aubergines, choux rouges et rave,
au milieu des graminés et des fleurs des champs. Comme une allégorie
de la permaculture.
C'est
là que tout a commencé....
Je
voulais immortaliser la beauté Slow Food. Isabelle Haas photographiait tout
comme une dératée. On s'est mise à discuter couleur, angle de vue,
lumière, food, goût, saveurs : dans tous les sens, tout azimut. Et
puis Valentine Chevrier, auteur de la mise en scène de l'étal Slow
Food nous a rejointe. Je nous ai offert un verre, que l'on accompagné
d'huîtres, de cevicces et de soupes de clam de chez Poiscaille. On a
refait le tour des stands à trois, en gloussant, commentant, en
parlant fort et en riant. On a décidé de se revoir vite. On a
décidé de tout goûter et de tout expérimenter. Un seul mot
d'ordre : food toujours... Les
copines du goût étaient nées : trois humeurs, trois palais, un
coup de fourchette !
J'avais
embrassé un poiscaille deux fois plus jeune que moi et nous avions
beaucoup rit mes nouvelles copines et moi. J'étais rentrée ivre de
joie.
Je
m'en foutais, on était aussi les
coquines du goût !